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MANAGEMENT

& POKER : CE QUE SAVENT LES SHARKS...

 

S'il n'y avait que de bons joueurs, il n'y aurait pas de "coups de poker", ces risques pris avec peu d'infos et au feeling. Pour les meilleurs, il n'y a pas de place pour le hasard. La prise de décision dans ce jeu est fondée sur des connaissances et une analyse fine de celles-ci. Une métaphore intéressante pour responsables et dirigeants…

 

 

Caractéristique du débutant au poker : jouer au coup par coup, ne pas voir assez loin. "Les bons joueurs ont une vision plus globale et se servent des informations "méta", c'est-à-dire plus générales sur les pratiques de jeu de leurs adversaires et d'eux-mêmes" explique Denis Rivas, fondateur et dirigeant de Xeester, le premier et unique tracker français de poker. Un tracker ? Un outil d'aide à la décision pour le jeu en ligne. "99 % des joueurs qui gagnent sont outillés. Un tracker comme le nôtre enregistre tout ce qui se passe à la table de jeu et compile les données sous forme de statistiques comportementales, techniques, etc."

 

 

CE QUE SAVENT LES SHARKS…

 

Le joueur dispose ainsi des informations pour prendre la meilleure décision. Voilà pour la première idée reçue : un bon Mais si trop peu d'info conduit à des prises de risque, des erreurs de jeu, trop d'infos tue l'info. Et il ne faut pas confondre information et analyse de l'information. Le tracker doit rendre la complexité compréhensible et donner à l'instabilité des constantes pour assoir son action. Mais, in fine, le joueur reste maître de la prise en compte des données. "Le tracker, à l'instar du reporting, reste un outil. La qualité de l'outil et son ergonomie sont bien entendu importants, mais la personnalisation des configurations, la pédagogie et le soin apporté à l'apprentissage de l'outil sont indispensables pour tirer avantage de l'outil." Il y a aussi le risque de "sur-utiliser" l'outil. On ne peut se baser uniquement sur des statistiques. "Même en Formule 1, il y a des décisions non techniques, rappelle Denis Rivas. Un bon joueur a suffisamment de recul par rapport aux chiffres pour prendre en compte le facteur humain." Il est capable d'anticiper ou d'interpréter une décision surprenante de l'adversaire, de sentir le joueur en face, même en ligne. Le "poker face", c'est ne transmettre aucune information sur son jeu. Mais le plus souvent, on distille malgré soi des signaux, ce que l'on appelle dans le poker un "tell".

 

 

MANŒUVRES ET NÉGOCIATIONS

 

Sur internet, ces signaux peuvent passer par le temps de décision : miser très vite, par exemple, alors que l'on est habituellement plus lent, peut indiquer que l'on a de bonnes cartes. Mais ce peut être aussi une stratégie pour induire en erreur les autres joueurs. Ces tactiques ne sont pas étrangères à celles du négociateur… En tournoi, les joueurs négocient parfois en table finale pour déterminer ce que chacun va gagner. Sachant que seuls les trois derniers gagneront quelque chose, on peut négocier sans le dire clairement lorsque l'on a intérêt à ce qu'un joueur joue avec soi. Ou au contraire manœuvrer pour exclure un joueur. En finale, si l'un des quatre joueurs n'a quasiment plus de jetons, les trois autres peuvent s'allier contre celui-ci – en misant tous la même somme - afin de maximiser les chances que l'un des trois l'emporte sur ce 4e joueur. Dans ce cas, le joueur passe au collectif. Habile et agile… «Le hasard joue pour le novice, il en est autrement pour le joueur habituel» résumait assez bien une décision du Tribunal administratif de Clermont-Ferrand sur le statut de ce jeu.

 

 

LE FACTEUR "ENJEU" DANS LA PRISE DE DÉCISION

 

Dans le poker, l'enjeu, c'est l'argent. Bien sûr, c'est le joueur qui détermine ce qu'il peut se permettre : jouer sur une table à 10 ou à 1000 euros. Bien placer son argent, bien gérer ses ressources et savoir où les placer est une première clef de réussite qui équivaut, en entreprise, à la gestion des embauches par exemple ou aux choix stratégiques (miser sur le marketing, sur la R&D, etc.).Quand un joueur gère bien la bankroll, il peut monter en puissance, déplacer les limites, mais il sait aussi redescendre au bon moment. C'est ni plus ni moins savoir gérer les hauts et les bas d'une entreprise, aller là où c'est pertinent. Enfin et surtout, le joueur idéal, lorsqu'il a pris la décision de jouer à une table, fait abstraction de l'argent, de l'enjeu, pour se focaliser sur les trois autres paramètres (infos comportementales, techniques, statistiques) qui lui permettent de piloter, d'être à l'écoute du marché, d'observer ses concurrents, d'innover…

 

 

Pour en savoir + : www.xeester.com

 

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